Voici le texte que j'ai lu au service de maman.
Réjane
Paquette Dextras - Service le 13
décembre 2013
Notre chère maman avait 87 ans. Beaucoup
de gens nous ont dit, « elle a vécu une belle et longue vie » et ils
ont raison. Mais nous aurions tellement voulu la garder
avec nous pour toujours ou du moins plus longtemps.
Maman est d’une grande famille, ayant eu 9
frères et sœurs; et elle et papa auraient
bien voulu avoir plus d’enfants que nous trois. J’ai
trouvé il y a longtemps, une liste de 12 noms en commençant par Michel au
masculin. Mais avec papa dans Les Forces armées je ne
peux pas imaginer comment nous aurions pu déménager aussi souvent que nous
l’avons fait avec plus de trois enfants!
Maman aimait déménager car chaque nouvelle place
était une opportunité pour rencontrer de nouveaux voisins, de se faire des amis
et d’apprendre de nouvelles choses. Par exemple, elle a appris l’anglais en jouant
au bridge avec « The Ladies Bridge Club » à Goose Bay. Elle aimait aussi voyager et elle en a fait
plusieurs voyages avec papa malgré sa grande peur en avion. C’était pour elle, une autre façon de
s’instruire, d’apprendre à propos des peuples et leur culture.
Maman était une excellente cuisinière. C’était pour elle un passetemps, un défi et
une source de grande satisfaction. Elle
n’avait pas peur d’essayer de nouvelles recettes. Mais
ses recettes préférées étaient celles de Julia Child, à partir des grands classiques
de la cuisine française : le coq au vin, le bœuf bourguignon, la soupe à
l’oignion et les croissants au beurre! Je ne peux pas dire qu’elle nous a enseigné
comment cuisiner mais elle nous en a certainement donné le goût et elle nous a
guidé dans nos efforts. Chose que mon Jean-Claude
apprécie depuis déjà 43 ans. Son
intérêt dans la cuisine ne se limitait pas seulement dans la préparation car elle
s’intéressait aussi à l’origine et l’historique des aliments et des recettes. Une
année elle a préparé pour son groupe « Cercle d’études » un travail
qui expliquait l’origine, l’historique et l’utilisation de 26 aliments de A à
Z. Sans Wikipédia, ça faisait beaucoup de
recherche à la bibliothèque!
Elle aimait beaucoup lire Maman, et elle
lisait de tout. Et quand elle aimait une auteure ou un
auteur, elle pouvait tout lire de cet auteur et en plus elle pouvait raconter
la vie de l’auteur et expliquer ses textes.
Encore pour son groupe
« Cercle d’études » elle a fait un travail à propos de Stéfan Zweig,
un écrivain autrichien qu’elle trouvait particulièrement intéressant. C’était
pour elle une autre façon de s’instruire.
Maman était une femme intelligente et
assoiffée de connaissance. Elle est retournée aux études compléter un
diplôme d’études collégial vers la fin de ses 40 ans et elle était, que j’ai
su, une première de classe. Ma cousine Jocelyne, fille de Normand, était
dans ses classes.
Elle aimait discuter sur une foule de sujets,
et apportait des arguments, des points de vues, parfois totalement
convaincants, parfois très amusants.
C’est pour cette raison que les dernières années ont été
particulièrement difficiles pour la famille, et surtout pour Papa, son ami, son
partenaire, son appui, son mari.
La démence lui a volé sa capacité de jouir de
ses connaissances, et de nous en faire profiter nous aussi. Malgré ça, chacun de nous, ma sœur Catherine,
mon frère Jean-Richard, et moi avons apprécié le temps que nous avons passé
avec elle ces dernières années car ça nous a permis de leur remettre, à Maman
et Papa, le support et l’aide que nous avons toujours reçu d’eux.
Maman, comme vous le savez sans doute, avait
le don de nous faire parler, d’écouter, de conseiller au besoin et de nous
faire sentir bien dans notre peau. Son
sourire, sa générosité ont toujours été là pour tous ceux et celles qui ont eu
la chance de la connaître.
Pour finir
j’aimerais vous lire un bref passage…
C'est alors
que son regard tomba sur le vase bleu qui se trouvait devant lui sur le bureau.
Il était vide, vide le jour de son anniversaire pour la première fois depuis
des années. Il tressaillit : ce fut pour lui comme si une porte s'était
brusquement ouverte quelque part et qu'un courant d'air glacial venu d'un autre
monde s'engouffrait dans sa chambre silencieuse. Il sentit la mort et sentit un
amour immortel : au plus profond de son âme quelque chose s'épanouit, et la
pensée de l'absente persista, obsédante et insaisissable, comme une lointaine
ritournelle.